Lettre ouverte du ROCLD pour la JRES 2024

Communiqués

Ensemble, misons sur l’égalité des chances pour garantir la réussite éducative à tous les jeunes!

C’est aujourd’hui que se déroule la Journée du Refus de l’Échec Scolaire et, cette année encore, les organismes communautaires de lutte au décrochage du Québec rappellent que tous les jeunes n’entrent pas à l’école avec les mêmes chances de réussite. Malgré toute leur bonne volonté et leur persévérance, les jeunes en difficulté et leurs familles font face à de nombreux défis qui entravent leur parcours scolaire.

Toute la population est affectée par la hausse du coût de la vie, mais pour des milliers de familles en situation précaire économiquement, les défis et les choix déchirants se multiplient. Rappelons que la pauvreté est un important facteur de décrochage : deux fois plus de jeunes provenant d’un milieu défavorisé sont en situation de décrochage.

Luttons contre le décrochage à sa source

L’accès à du soutien en santé mentale constitue un frein à la réussite, alors que près de 55 % des jeunes de 15 à 29 ans ont rapporté vivre une situation de détresse psychologique, selon Statistiques Québec. Sur le terrain, les organismes communautaires continuent à observer une hausse de cette détresse.

On assiste donc souvent à la médicalisation des difficultés et les étiquettes apposées laissent des marques permanentes sur les jeunes. À l’organisme Enfantaisie Haute-Gaspésie, la coordonnatrice des services, Audrey-Anne V. LeBlanc «observe parfois une pression sur les parents pour  »médicamenter » leur enfant: la médication semble être la 1re réponse aux problèmes de comportement des enfants, alors que le manque de ressources ne permet pas d’adresser adéquatement les causes de leurs difficultés».

Dans la discussion sur le décrochage scolaire, on oublie de parler de stéréotypes de genre, dont les jeunes peuvent être victimes. Béatrice Moutet-Boyer, éducatrice scientifique à l’organisme Les Scientifines à Montréal, explique que «les décrocheuses sur le marché du travail gagnent un salaire moindre comparé aux décrocheurs. Elles se retrouvent aussi plus souvent femmes aux foyers bénéficiaires de l’aide sociale ou dépendantes de leur partenaire».

Les stéréotypes de genre rendent invisibles les jeunes trans et non-binaires. Pourtant, comme le constate Julie Duchesne-Potvin, responsable du Centre de jour à la Maison de l’Espoir du Saguenay-Lac-Saint-Jean, «nous recevons de plus en plus de jeunes trans et/ou non binaires. Nous remarquons une ouverture grandissante chaque année face à ces jeunes, mais la réalité scolaire (intimidation/rejet) vécue à l’école favorise grandement leur démotivation et même le décrochage».

Ces situations sur le terrain forment un constat: le système scolaire québécois est présentement inéquitable et les jeunes à risque de décrochage scolaire ne reçoivent pas l’aide nécessaire.

Avec son régime «à trois vitesses», l’école est une expérience bien différente pour de nombreux élèves, que ceux-ci fréquentent une école publique, privée ou un programme particulier. L’école publique «régulière» s’en retrouve dévalorisée et de nombreux jeunes s’y retrouvent sans aide.

L’alarme a sonné, il faut un vrai chantier en éducation

Depuis la pandémie, la hausse de 2,5 % du taux de sortie du secondaire sans diplôme ni qualification place l’indicateur à 16,3 %. Ce bond s’explique entre autres par les crises dans le système scolaire qui affectent davantage les plus vulnérables : manque de personnel de soutien scolaire et d’enseignants qualifiés, plans d’interventions multiples, hausse de la violence, etc.

Il faut que le gouvernement adresse de front les causes structurelles du décrochage.

Le Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage joint sa voix à celles des nombreux acteurs de l’éducation au Québec : un grand chantier est nécessaire et le ministère doit écouter l’expertise reconnue sur le terrain et opérer un véritable changement dans le système scolaire pour mettre fin aux iniquités.

Miser sur l’égalité des chances en éducation est plus qu’un investissement pour le futur, c’est veiller au bien-être des jeunes.